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Étude d’impact Le pacte vert et la Pac feront chuter la production agricole

Les stratégies environnementales du pacte vert et de la Pac, avec la réduction des phytos, des engrais et le développement de l’agriculture biologique, entraîneraient une baisse de 10 à 15 % de la production agricole européenne à l’horizon de 2030. Positif sur l’environnement, l’impact serait négatif sur les revenus.

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. Elle tente de mesurer l’impact sur le secteur agricole des ambitions environnementales et climatiques du pacte vert pour 2030 (avec les stratégies « De la ferme à la fourchette » et Biodiversité) et des orientations de la Pac.

 

 

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Pour évaluer l’impact de ces ambitions « vertes », les chercheurs ont modélisé l’effet de quatre paramètres : la réduction de l’utilisation de pesticides et des engrais (de –50 % et –20 % respectivement), une augmentation de la production en agriculture biologique (sur 25 % des surfaces) ainsi que la préservation des surfaces non-productives (10 % d’éléments d’intérêt écologique).

 

L’un des scénarios intègre également les objectifs environnementaux renforcés de la Pac post-2020, à savoir 25 % des paiements directs pour les écorégimes et 30 % du deuxième pilier réservé aux mesures agroenvironnementales.

Une modélisation incomplète, précisent les chercheurs

Pour leur étude, les chercheurs du Centre commun de recherche ont utilisé l’outil de modélisation « Capri ». Outil dont ils reconnaissent d’emblée les limites : « Le rapport ne constitue pas une analyse d’impact des stratégies en tant que telles. La portée de la modélisation n’inclut pas toutes les mesures des stratégies (par exemple la réduction du gaspillage, les changements alimentaires) qui modifieraient ces résultats », précisent-ils en introduction.

 

Une mise en garde qui laisse prudent, voire perplexe, sur la façon d’interpréter les résultats… Et qui a soulevé la colère du syndicat des producteurs européens, le Copa-Cogeca, et de la Coordination rurale.

Chute de 10 à 15 % de la production européenne

Les objectifs environnementaux du pacte vert et de réforme de la Pac conduiraient à des modifications dans l’utilisation des terres, le cheptel, les volumes produits et la position commerciale de l’Union européenne à l’horizon de 2030, pointe l’étude.

 

Premier résultat : la SAU augmenterait de 2,6 % (environ 3,7 millions d’hectares), au profit des pâturages et des surfaces en fruits et légumes.

 

Pour les cultures, la baisse des rendements liée à l’augmentation de l’agriculture biologique et à la réduction des pesticides, entraînerait un recul des surfaces ainsi que des volumes produits. La chute de la production européenne serait de 13 % en céréales, 12 % en oléagineux et 7 % en fruits et légumes.

 

Une diminution du cheptel serait aussi notable : –12 % des effectifs de vaches laitières et –17 % des troupeaux allaitants. Les effectifs porcins et de volailles seraient également réduits d’environ 15 %. Les productions animales chuteraient de 12 % (pour le lait) à 15 % (bœuf, porcs, volailles).

Une baisse des exportations céréalières

Ces changements de production entraîneraient une diminution des exportations nettes pour les céréales, le porc et la volaille. Ils conduiraient à une aggravation du déficit commercial de l’Union européenne pour les oléagineux, les fruits et légumes, la viande bovine, ovine et caprine, conclut l’étude.

 

En revanche, dans le cas des produits laitiers, les exportations nettes de l’Union européenne pourraient légèrement s’améliorer, en raison de l’augmentation de la production permise par les améliorations génétiques.

Hausse des prix de 10 % mais des revenus en berne

Les prix à la production des produits agricoles augmenteraient de 10 % en moyenne à l’horizon de 2030. Ces hausses seraient plus élevées en élevage, avec +40 % pour la viande porcine, +24 % pour la viande bovine et +16 % pour les volailles. Les prix resteraient stables pour le lait. Les prix des céréales et oléagineux progresseraient, quant à eux, de 6 à 7 %.

 

Dans le même temps, les coûts de production seraient globalement en baisse. Mais en ce qui concerne les revenus (primes incluses), l’étude conclut à une dégradation en céréales et en lait, et un maintien en viande bovine. Seule la production porcine verrait ses revenus s’améliorer.

Des effets positifs « significatifs » sur l’environnement

Si ces objectifs environnementaux sont poursuivis, le pacte vert et la réforme de la Pac post-2020 pourraient contribuer à une réduction de 28,4 % dans les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole d’ici à 2030, ainsi qu’une réduction des pertes d’engrais, conclut l’étude. Ce résultat serait obtenu notamment par les changements des pratiques agronomiques.

 

Bien que « l’ampleur des avantages environnementaux et économiques positifs ne soit pas entièrement quantifiée », tempèrent les auteurs, « les impacts ne sont pas négligeables » et entraînent des « avantages environnementaux significatifs ».

 

« Le secteur agricole devra traverser une transition difficile et cette étude – avec toutes ses limites – montre l’ampleur du défi », conclut le rapport, et recommande des « instruments efficaces pour soutenir le secteur pendant la transition ».

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